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Julia Oliveira Marques
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Parents

L’Éducation positive à la loupe

Contenu d'archive - Ce contenu peut faire référence à des éléments ou à des actualités passées.

Par Victoria Noiset, fondatrice d’Enfance Positive, centre de formation en approches bienveillantes et alternatives de l’éducation.

L’éducation positive est sous le feu des projecteurs depuis quelques années maintenant. Blogs, réseaux sociaux, livres… il existe de plus en plus de ressources, de questionnements mais aussi d’idées reçues ! Certains la considèrent comme du laxisme, le règne de l’enfant-roi, la fin du respect et des valeurs. D’autres aimeraient la pratiquer avec leurs enfants, mais rencontrent des difficultés en chemin.

Et si nous faisons le point et que nous passions l'éducation positive à la loupe ?

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Éducation positive : la “troisième voie” éducative.

Dans l’éducation dite « classique », il est communément admis que l’enfant doit être « encadré » pour rester dans le droit chemin, qu’il fait parfois des caprices ou des choses pour embêter ou provoquer les adultes… Pour le bien de l’enfant, il faudrait le punir pour qu’il comprenne ses erreurs, et pour cela, l’adulte peut être amené à utiliser le principe de la carotte et du bâton : récompenses et félicitations, si l’enfant a obéi. Chantage et menace (si tu ne manges pas tes légumes, tu n’auras pas de dessert), punition (allant de la mise au coin, la tape sur les mains…à la fessée), si l’enfant n’a pas obtempéré. Ce mode d’éducation est très répandu, et la plupart d’entre nous avons connu cela étant enfant.

Le problème est que cela crée un manque de confiance en soi énorme chez l’enfant, mais pas seulement : le rapport de force induit par cette posture n’offre que peu de choix à l’enfant. Soit il se rebelle, pour se prouver qu’il existe et réclamer un peu de liberté. Cela donne des adultes en colère facilement, supportant mal la frustration et le changement. Soit il finit par se soumettre, en s’oubliant lui-même. À l’âge adulte, cela amène à des difficultés à s’imposer et à dire ce que l’on pense, une peur des conflits et la volonté de « faire plaisir » pour éviter la confrontation.

Les éducations sévères et punitives amènent l’individu à mettre en place des mécanismes de protection : difficulté à être empathique, carapace émotionnelle… peut-être même que l’on peut être amené à penser : « j’ai eu des fessées et je n’en suis pas mort, d’ailleurs, c’est même grâce à ça que je suis devenu(e) qui je suis aujourd’hui ». Garder ses enfants en vie était un objectif louable… au Moyen-Âge. À l’époque où les maladies, la famine et les piètres conditions d’hygiène impliquaient un fort taux de mortalité infantile.

Aujourd'hui, en 2019, n'avons-nous pas, en tant que parents, des objectifs un peu plus élevés ? Faire de nos enfants des individus... heureux ? épanouis ? libres ? responsables ? empathiques ? bienveillants ?

« Oui, mais alors c’est la porte ouverte à n’importe quoi, si on laisse les enfants faire ce qu’ils veulent ! »
C’est là que la confusion entre la bienveillance et le laxisme apparaît, en général.

Le laxisme est habituellement vu comme un mode éducatif dans lequel l’enfant fait « ce qu’il veut ». Absence de cadre, de règles, de limites, c’est le règne de l’enfant-roi…. Et cela n’a rien d’enviable… ni rien à voir avec l’éducation positive ! Le laxisme a en effet des effets dévastateurs sur les enfants : perte de repères, angoisses… ils ne sont pas suffisamment sécurisés, et vont avoir tendance à chercher le cadre, à tout prix. S’ils ne le trouvent pas, leurs comportements sont de plus en plus inadéquats : ils cherchent la limite de leur cadre, de plus en plus et de plus en plus fort.

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En tant que parents, notre propre éducation influence beaucoup notre relation avec nos enfants : soit nous reproduisons ce que nous avons vécu, soit nous faisons l’inverse. Il se peut même qu’ayant reçu une éducation autoritaire, par exemple, nous basculions dans le laxisme sans le vouloir… parce que nous avons souffert de l’autoritarisme de nos parents et que nous ne souhaitons pas reproduire cela avec nos enfants. Il est même possible que nous pendulions entre les deux : on lâche (trop) le cadre pour éviter de reproduire ce que nous avons vécu. Puis, nous perdons le contrôle de la situation, et nous repassons à l’autre extrême, en criant et en punissant.

Et oui, la parentalité est loin d’être un chemin calme et facile ! En fait, le secret, est que l’éducation positive, ce n’est rien de tout cela. Ni autoritarisme, ni laxisme, ni pendulation entre les deux. La bienveillance, c’est la « troisième voie » éducative… et c’est beaucoup plus dur que ce que l’on croit !

L’éducation positive, c’est un chemin, une évolution constante, comme la parentalité.

Nous devenons parents à la naissance de nos enfants, et nous évoluons avec eux. Il n’y a pas de concours, de prix à gagner. Ce n’est pas une guerre d’égo. Le parent parfait n’existe pas. Et quand bien même il en existerait, ce n’est pas de cela dont l’enfant a besoin (comment apprendre de ses erreurs si personne n’en fait autour de nous ?).

Il ne s’agit donc pas de laisser « tout faire » à l’enfant. C’est en réalité un autre regard sur l’autorité que je vous propose de découvrir.

L'éducation positive, un autre regard sur l'autorité.

L’enfant a donc besoin d’évoluer dans un environnement qui lui propose un cadre. Mais si l’absence de cadre est anxiogène, un cadre trop étroit est limitant. Dans l’éducation positive, la question n’est pas de savoir s’il y a un cadre ou pas, mais plutôt : quel cadre, et comment le poser ?

Il existe certains grands principes, tels que :

Remplacer les ordres et les impératifs par des choix.

Par exemple, si la règle est de se laver les dents après le repas, plutôt que de dire à votre enfant : « lave-toi les dents », vous pourriez essayer de dire : « c’est le moment de monter te coucher, tu préfères te laver les dents ou mettre le pyjama d’abord ? ». Grâce à cette astuce, nous permettons à l’enfant d’être acteur de son quotidien et de décider pour lui-même. Les enfants sont des personnes à part entière, et personne n’aime recevoir d’ordres ! En lui laissant une marge de manoeuvre grâce au choix que vous lui offrez, votre enfant coopérera beaucoup plus facilement.

Remplacer les limites et les interdits par des règles.

Tout cela est une question de formulation. Maintenant, vous qui lisez cet article, je vous demanderais de ne pas penser à une girafe… Essayez de ne pas penser à une girafe. Essayez encore.

Je parie que c’est loupé ! Maintenant, je vous demande de ne pas penser à une voiture rouge. Allez, n’y pensez pas. Essayez encore… Je parie que vous avez même un modèle précis en tête ! Le secret est que le cerveau humain ne comprend pas la négation.

Étant adultes, notre cerveau parvient à aller au-delà de la consigne, mais ce n’est pas le cas pour un enfant. Et même entre adultes, il est beaucoup plus efficace de dire ce que l’on attend et ce que l’on souhaite plutôt que ce que l’on ne souhaite pas ! Imaginez que votre employeur vous dise que demain, il ne souhaite pas que vous veniez à 9h au travail. Vous savez que vous ne devez pas venir à 9h, mais à quelle heure devez-vous vous présenter à votre poste ? Et que diriez-vous si votre employeur vous disait que vous êtes censé le savoir ? Pourtant, c’est ce que nous faisons régulièrement avec les enfants.

Ainsi, je vous propose d’essayer de formuler la règle positivement, c’est-à-dire de verbaliser concrètement à l’enfant ce que vous attendez de lui.

Exemple : plutôt que « ne cours pas », cela peut être « marche à côté de moi ». Plutôt que « ne tape pas le chien », cela peut être « les mains, c’est fait pour caresser, jouer, dessiner… ». Ce n’est pas évident au début, rassurez-vous, il va vous falloir un temps d’adaptation, et c’est normal, nous n’avons pas été habitués ainsi.

Ne pas présupposer que l'enfant sait.

Et donc répéter inlassablement la règle. Ce n’est pas parce qu’une règle est formulée positivement, qu’elle va s’intégrer immédiatement. La mémoire de l’enfant va mettre un certain temps à fixer une information. Et même si vous avez l’impression qu’il « sait », le fait de ne pas respecter la règle peut être un moyen, inconscient de tester le cadre : est-ce que cette règle vaut toujours ? En toute circonstance ? En testant la règle, l’enfant ne cherche pas à vous ennuyer, il cherche à se sécuriser. Cela peut être fatiguant, c’est vrai. Ne rien lâcher, tenir sa règle et la répéter inlassablement, sans s’énerver de préférence, aidera votre enfant à intégrer ce qui est admis et non admis dans son cercle familial.

Être le modèle.

Et oui, si vous demandez à l’enfant de respecter une règle mais que vous ne la respectez pas, il aura beaucoup plus de mal à l’intégrer. Et en plus, cela ne sera pas perçu comme une règle bonne et « juste ». L’enfant apprend plus par les modèles qu’il a autour de lui que par les discours. « Fais ce que je dis et pas ce que je fais », cela ne fonctionne pas. Ou alors, vous serez obligés de faire rentrer votre enfant dans un rapport de force, l’obliger et donc le soumettre. L’obéissance par la peur n’amène jamais le respect, mais le ressentiment.

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Accueillir les émotions de l'enfant.

Lorsqu’un enfant pleure, l’adulte a en général pour réflexe de vouloir le consoler en lui disant : « ce n’est rien ». Ceci part bien évidemment d’une très bonne intention. Mais ce que l’enfant entend et ressent, lui, est complètement différent. Les émotions niées, il ne pourra pas mettre de mots dessus. Lorsque votre enfant ressent une émotion, il est vraiment important de les accueillir.

Pour cela, verbalisez, dites ce que vous voyez : « Je vois que tu pleures beaucoup, es-tu triste ? en colère ? frustré ? ». Proposez plusieurs solutions et voyez de quoi se saisit votre enfant. « Tu es triste parce que Tom t’a pris ton jouet, je comprends, ce n’est pas agréable de se faire prendre ses affaires ».

Après avoir verbalisé, valider l’émotion (je comprends, c’est normal…) va permettre à l’enfant de se sentir entendu et compris dans son vécu… et oh miracle ! En plus, l’émotion descend plus vite ! Le secret ? La zone du langage et la zone des émotions, dans le cerveau, sont liées. En mettant des mots, nous calmons les maux.

Trouver des alternatives à la punition.

La punition est en général inefficace (l’enfant recommence immédiatement après la levée de la punition) et même toxique (elle crée du ressentiment, amène une certaine insensibilité et pousse l’enfant au challenge, en  lui apprenant à mieux se cacher la prochaine fois). Elle est inefficace car elle ne s’occupe pas de la cause du comportement, mais uniquement du comportement en lui-même. Or les comportements humains sont toujours dictés par des besoins, même chez les adultes.

Exemple : vous souhaitez vous mettre au régime. Vous faites attention toute la journée, mais vous avez pas mal de stress et de contrariétés. En vous installant dans votre canapé, le soir, vous dévorez une tablette de chocolat, avant de culpabiliser et de vous dire que, décidément, vous n’avez aucune volonté. Est-ce vraiment une question de volonté, ou tout simplement un besoin de réconfort et de décompression que vous n’avez pas su voir et régler ? Et si c’était pareil pour les enfants ?

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Le secret est que tant que le besoin qui a amené le comportement n’est pas couvert, que l’on soit adulte ou enfant, le comportement perdurera. L’éducation positive nous propose de chercher de quel besoin il pourrait s’agir (attention, cadre, sommeil…), d’y répondre puis de proposer une conséquence réparatrice. Bien sûr, il n’est pas question de ne rien faire. Mais cette conséquence sera amenée après la réponse au besoin et idéalement par l’enfant, en discutant avec lui et en cherchant ensemble quelque chose qui soit juste (ni trop simple ni trop difficile).

L’éducation positive est un chemin qui n’est jamais terminé. Notre enfant, à tous les âges de sa vie, nous amènera des challenges, des questions, des situations qui nous permettront de nous interroger, de tester, tâtonner, nous tromper, réessayer…

Le plus important est de se remettre en question. S’excuser lorsque nous nous sommes trompés, réessayer, dialoguer, être humble et garder à l’esprit… que les parents parfaits n’ont pas encore d’enfants !

Victoria Noiset pour Kideaz

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